Nouvelle version de l’article que nous avions publié sous ce titre le 14/03
Les ayatollahs qui gouvernent la République Islamique d’Iran prennent tous les risques.
Les drones et les missiles avec lesquels ils ont attaqué Israël dans la nuit du 13 au 14 avril se sont faits abattre par centaines en essayant de traverser le Dôme de fer destiné à protéger Israël contre des offensive de cette nature . La seule victime aurait été une petite fille, grièvement blessée.
Mais si cela n’avait pas été cas, ces engins auraient pu faire de nombreuses victimes civiles, non seulement en Israël mais d’abord dans les pays traversés. Certes en bombardant les civils de la bande de Gazah, Israël fait tous les jours de même. Mais cela lui est presque partout reproché. L’Iran n’aurait-il pas du éviter de prendre ce risque?
Sur le Dôme de fer, lire Euronews
À peine la riposte iranienne avait-elle commencé, peu avant 23 heures samedi 14 soir, que chacun se posait la question : quelle va être la réponse d’Israël ? Il s’agissait selon Téhéran de représailles à la frappe imputée à l’État hébreu contre l’annexe consulaire de l’ambassade iranienne à Damas le 1er avril, marquée par la mort de sept membres du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI), parmi lesquels deux commandants.
Dans la forme, Israël a adopté un ton fort. “Le fait que l’Iran attaque pour la première fois Israël depuis son territoire exige une réponse décisive, qui ne tardera pas à venir”, ont déclaré des responsables de l’État hébreu, cités par le quotidien israélien ynetnews. En début de matinée, le ministre de la Défense, Yoav Gallant a pour sa part affirmé que le pays avait “repoussé la première vague majeure de tirs de drones et de missiles iraniens, mais la confrontation n’est pas encore terminée”.
Ces dernières menaces doivent-elles laisser penser qu’une contre-attaque contre Téhéran et ses alliés régionaux est envisagée ?
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Il apparaît aujourd’hui que la riposte iranienne semble avoir été calculée pour éviter un réel embrasement régional, Israël et ses alliés de l’Otan ayant eu le temps d’intercepter 99 % des projectiles – également venus d’Irak, de Syrie et du Yémen – avant qu’ils n’atteignent leurs cibles, selon des responsables israéliens. Israël ouvrait déjà son espace aérien vers 5h30 après l’avoir fermé au cours de la nuit.
Ce jour 15 avril, le Premier ministre a pris un ton triomphant. “Nous avons intercepté, nous avons repoussé, ensemble nous gagnerons”, a déclaré Benyamin Nétanyahou dans un message à sa nation adressé en début de matinée sur X.
Un programme iranien de construction de réacteurs nucléaires
Peu avant cet évènement, les autorités iraniennes avaient annoncé le début des travaux de construction d’un nouveau réacteur nucléaire de recherche à Ispahan, dans le centre de l’Iran, quelques jours après avoir fait état d’un projet de centrale nucléaire dans le sud du pays.
Ainsi, malgré les sévères sanctions économiques imposées par les Etats-Unis, l’Iran accélérait son programme nucléaire.
« Aujourd’hui, on a commencé à couler le béton pour la fondation du réacteur sur le site d’Ispahan », a déclaré Mohammad Eslami, chef de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA), cité par l’agence de presse officielle Irna. On notera que ce centre de recherche est déjà doté de trois réacteurs.
Le nouveau réacteur, d’une puissance de 10 mégawatts, servira de source de production de neutrons, destinée notamment à des essais de combustibles et de matériaux nucléaires, ainsi qu’à la production de radio-isotopes industriels et de radiopharmaceutiques, indique l’agence Irna.
Cette annonce intervient alors que l’Iran reste soumis à de sévères sanctions économiques, imposées par les Etats-Unis . Pour rappel, ces derniers s’étaient retirés unilatéralement en 2018 de l’accord nucléaire international, conclu trois ans auparavant et prévoyant des limitations au programme nucléaire iranien.
En cours d’année dernière, l’Iran avait été contraint de ralentir son rythme de production d’uranium enrichi à 60%, des pourparlers informels ayant repris avec les Etats-Unis. Il a toutefois décidé de reprendre le programme nucléaire, fin 2023.
« Nous devons atteindre une capacité de production de 20.000 mégawatts d’énergie nucléaire dans le pays » d’ici 2041, a déclaré Mohammad Eslami lors d’une tournée dans la région avec le président iranien, Ebrahim Raïssi.
Seuls cinq pays dans le monde dépassent cette capacité : les Etats-Unis, la France, la Chine, la Russie et la Corée du Sud. Les centrales de Sirik devraient être pleinement opérationnelles d’ici 2031, selon l’agence Irna. L’Iran dispose actuellement d’une seule centrale nucléaire opérationnelle à Bouchehr, d’une capacité de production de 3.000 mégawatts.
En parallèle, l’Iran avait annoncé avoir envoyé pour la première fois simultanément trois satellites en orbite, une nouvelle étape du développement des activités aérospatiales du pays malgré les sanctions occidentales.
Ce lancement a été critiqué par l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni dans un communiqué commun, dénoncé par Téhéran comme étant un acte « interventionniste ».
L’Iran affirme que ses activités aérospatiales sont pacifiques et conformes à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU. Mais les gouvernements occidentaux craignent que ses systèmes de lancement de satellites n’intègrent des technologies interchangeables avec celles utilisées dans les missiles balistiques capables de livrer une ogive nucléaire.
Il apparaît donc que les ayatollahs prennent tous les risques. Sont-ils encouragés à le faire par Moscou ou par Pékin ?
Note au 15/04 , 15h
Le Kremlin appelle l’Iran et Israël à la « retenue » pour éviter toute « escalade »
Le Kremlin a appelé lundi l’Iran et Israël à la « retenue » afin d’éviter toute nouvelle « escalade » après l’attaque menée par Téhéran contre le territoire israélien en riposte à une frappe meurtrière sur le consulat iranien à Damas. « Nous sommes extrêmement préoccupés par l’escalade des tensions dans la région et nous appelons tous les pays de la région à faire preuve de retenue. Une nouvelle escalade n’est dans l’intérêt de personne », a déclaré à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
