La glace de mer qui entoure le continent antarctique a atteint durant ces trois dernières années marquées par une fonte ininterrompue le niveau le plus bas jamais enregistré. S’agit-il d’une évolution irréversible résultant du réchauffement climatique ?
Le niveau de la glace antarctique variait jusqu’ici d’une façon difficile à modéliser, compte tenu de la difficulté à évaluer les facteurs dont il dépend. Il a souvent décru d’une année sur l’autre, quitte à remonter ensuite, en fonction notamment de l’importance des chutes de neige se produisant les années précédentes sur le continent.
Mais aujourd’hui les bas niveaux semblent devoir survenir chaque année. Le niveau de la glace n’a même pas remonté durant l’hiver antarctique précédent. Si ce niveau ne change pas dans les mois prochains, tous les chercheurs y verront la marque d’un réchauffement irréversible identique à celui attendu dans l’hémisphère Nord. Ils en concluront que leurs modèles statistiques ne fonctionnent plus.
Une difficulté de prévision tient au fait que les observations satellitaires du pôle sud sont récentes, les premières remontant à 1979. Tout laisse penser que les données relatives au réchauffement s’ajoutent à celles découlant de la variabilité climatique saisonnière.
Il reste que si les anciennes glaces permanente fondent définitivement, les conséquences sur tous les écosystèmes actuels seront considérables. La glace de mer apporte des aliments à tous les êtres vivants dans l’Antarctique, depuis les planctons jusqu’aux baleines. Par ailleurs elle protège les côtes des effets destructeurs des vagues de tempête.
Un dernier effet important du réchauffement de l’Antarctique doit être évoqué. Il diminuera les très importants courants d’eau froide et dense s’écoulant du continent quand celui-ci se réchauffe et qui y ajoutent de la fraicheur . Ralentir cette circulation ou la bloquer pourrait avoir partout des effets dévastateurs pour le climat et la vie marine.
Adapté de Fears grow over Antartic ice loss James Dinneen NewScientist 23 March 2024
