Ceci marque un engagement offensif croissant contre la Russie non seulement des Etats-Unis mais de l'Otan, dont une session plénière est prévue pour juillet 2016 et qui entérinera le déploiement du BMDE. Il était inévitable que la Russie s'en aperçoive, s'en inquiète et menace de réagir. C'est ce qu'a fait notamment le président Vladimir Poutine lors de son séjour en Grèce le 27 mai. Il a indiqué que la Russie disposait de moyens balistiques suffisamment performants pour neutraliser en quelques minutes une offensive de missiles provenant du BMDE, et de riposter en retour, dans les minutes suivantes.
Il a précisé qu'en ce cas, les bases Aegis sur le territoire de la Roumanie et de la Pologne, seraient neutralisées. Même si ces engagements n'impliquaient pas la mise en oeuvre de moyens nucléaires tactiques, c'est-à-dire d'ampleur limitée, les dégâts collatéraux en Roumanie, Pologne et autres Etats européens ayant accepté des bases Aegis seraient considérables.
Poutine cependant a précisé que la Russie n'engagerait en aucun cas de première frappe. Elle se bornerait à réagir à ce qui de plus en plus ressemble à une volonté délibérée américaine de détruire la Russie. Le message s'adresse donc, non seulement à l'Otan, mais aux efforts considérables que fait aujourd'hui le lobby politico-militaro-industriel (PMI) pour lier d'avance les mains d'un futur président américain, lequel sera très probablement Donald Trump, afin de prévenir son rapprochement avec Moscou, comme il l'a annoncé.
Il est bien évident que, si dans les prochains mois, un conflit fut-il limité entre la Russie et l'Otan, provoqué par cette dernière, éclatait, le tout nouveau président américain serait obligé de l'endosser. L'avertissement de Poutine devrait faire réfléchir d'ores et déjà le lobby PMI et les milieux néo-conservateurs qui le soutiennent. L'éventualité d'une guerre nucléaire stratégique ne serait pas à exclure. L'Amérique, l'Europe et la Russie seraient détruites. Faut-il courir ce risque, ou ne vaudrait-il pas mieux laisser Donald Trump, s'il étati élu, dialoguer avec Moscou ?
Face à ces risques majeurs qui ne sont pas à exclure, il est lamentable de constater que le gouvernement français, contrairement à ce qu'a fait (timidement) Tsipras, se refuse à fâcher les Etats-Unis en marquant son refus des projets BMDE et autres menaces militaires contre la Russie. Le président français et son premier ministre n'ont qu'une préoccupation aujourd'hui, faire entrer en vigueur une loi Travail qui marque un nouveau recul des droits des salariés face aux emprises des actionnaires du Cac 40 et du Médef.
Notes
Sur le renforcement du BMDE et la réaction russe, on lira l'article, comme toujours bien informé de Philippe Grasset « Une guerre nucléaire ? Unthinkable ! Quoique... » http://www.dedefensa.org/article/une-guerre-nucleaire-unthinkable-quoique
On pourra consulter aussi sur ce sujet quelques sources russes, à défaut de réactions sérieuses venant des médias français
http://sputniknews.com/politics/20160530/1040461396/us-missiles-europe-russia.html
http://sputniknews.com/europe/20160513/1039568130/us-missile-defense-romania.html
http://sputniknews.com/politics/20160527/1040377039/putin-tsipras-press-conference.html