Si François Hollande, sans remettre en cause la participation à la zone euro et moins encore à l'Union européenne, s'opposait plus directement à la gouvernance allemande, notamment à la Banque centrale européenne, ou dans les relations avec l'Ukraine, il pourrait compter sur le soutien de la Russie. Le moment est favorable car l'opinion française semble se lasser de se voir entrainer par Berlin et derrière Berlin, par Washington, dans un Poutine-bashing systématique. Ceci d'autant plus que, à la suite des attentats de Paris, le rôle que pourrait jouer la Russie, expert reconnu internationalement de la lutte contre le terrorisme, serait un argument fort qui pourrait changer durablement l'image de ce pays dans nos médias.
Plus généralement, les intérêts français, agricoles, industriels, scientifiques, culturels, poussent la France à sortir de la guerre froide contre la Russie imposée par l'Amérique, qui leur coûte de plus en plus cher. Si la France prenait la tête d'un mouvement d'émancipation à l'égard de l'Otan, ses relations diplomatiques et les intérêts des entreprises françaises en Russie s'en trouveraient renforcés. Il n'est pas vrai que, contrairement d'ailleurs à ce que pronostiquent les diplomaties américaines et allemandes, la Russie ait définitivement résolu d'abandonner l'Europe à ses humeurs et de se tourner vers la Chine et autres pays du Brics. Si elle le fait actuellement, c'est parce qu'elle s'est heurté jusqu'à présent aux rebuffades de la France, bien illustrées par la déplorable affaire des BPC Mistral.
Un mouvement de fond
Mais il semble bien qu'en haut lieu, bravant les interdits de Washington, la position de la France à l'égard de la Russie évolue dans un sens favorable. Différents indices peuvent le laisser espérer, notamment les déclarations de l'ambassadeur de France en Russie, Jean-Maurice Ripert, au quotidien « Kommersant » que nous avons mentionnées dans un article précédent: « Nous ne voulons pas accepter la rupture, le fait que la Russie s'éloigne de l'Europe ou l'Europe de la Russie. Le concept d'Eurasie ne me gêne pas, c'est une réalité. La Russie est un pont entre l'Europe et l'Asie, et, bien sûr, la Russie fait partie de l'Europe ».
Ainsi donc, un mouvement de fond commencerait qui pourrait, s'il allait à son terme, changer complètement la donne dans les relations entre la France et la Russie, la France et l'Europe et donc l'Europe et la Russie. Et tout ceci à l'initiative de la France et, en particulier de son président. François Hollande . Il y retrouverait un poids qui pourrait lui permettre de relancer une carrière politique que tout le monde considérait il n'y a pas longtemps comme virtuellement terminée. De son côté la Russie ne trouverait que des avantages, sous la direction de Vladimir Poutine, à cette nouvelle connivence, sinon entente Franco-Russe. Dans l'opinion russe, derrière un bling-bling en train de perdre de l'importance découlant de l'accès aux Coca-Cola, McDonald et films hollywodiens, une ancienne sympathie sur le mode non seulement sentimental mais principiel avec la France, qui n'avait jamais disparu, est en train de renaître.
La France a besoin de croire à nouveau en elle. La meilleure façon de lui redonner cette confiance serait de lui redonner sa place dans la diplomatie mondiale. La confiance retrouvée ne règlerait évidemment pas les problèmes intérieurs (économie, immigration, etc.) mais créerait la seule ambiance propice au règlement « à la française » de ces problèmes.
Pour le comité directeur d'Europe solidaire
Jean-Paul Baquiast
Jean-Claude Empereur
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Post Scriptum . Coopération dans le domaine de l'armement